Comment fonctionnent les opérations de cash-out ?
Une opération de cash-out désigne la vente d’actifs illiquides (actions non cotées) contre des liquidités.
Contrairement à la Bourse, où il est possible de facilement vendre des actions d’entreprises, la cession de parts dans une entreprise privée (non cotée) nécessite un processus structuré.
Le cash-out consiste à identifier un acquéreur (personne physique ou morale) prêt à racheter les actions du cédant à un prix déterminé. Cet acquéreur peut être :
- Un co-actionnaire de l’entreprise
- Un fonds d'investissement
- Un investisseur externe
- Un concurrent
- L'entreprise elle-même dans le cadre d'un rachat d'actions.
- Etc.
Différents intermédiaires spécialisés peuvent intervenir pour mener à bien l'opération de cash-out :
- Les banques d'affaires identifient les acquéreurs potentiels et négocient les conditions.
- Les cabinets d'audit réalisent les due diligences financières, juridiques et fiscales.
- Les avocats spécialisés en M&A (opération de fusion-acquisition) sécurisent les aspects contractuels et réglementaires.
Les différentes étapes du cash-out
Une opération de cash-out suit un calendrier précis qui s’étale généralement sur 6 à 12 mois selon la complexité de l'entreprise.
Étape 1 : la préparation du projet de cession
Cette étape permet de définir les objectifs du cédant :
- Quel montant du cash-out souhaite-t-il récupérer ?
- Quel pourcentage est-il prêt à céder ?
- Veut-il conserver une participation et garder un certain contrôle, ou sortir totalement ?
Le vendeur doit ensuite valoriser l’entreprise, pour cela, il existe plusieurs méthodes comme :
- Un multiple du chiffre d'affaires
- Un multiple de l'EBITDA ou du résultat net
- L’actualisation des flux de trésorerie futurs (cash-flows)
- Etc.
Cette étape nécessite un audit financier complet. De plus, un audit juridique est nécessaire pour vérifier la conformité réglementaire, les contrats importants, la propriété intellectuelle, etc.
Étape 2 : la recherche d'acquéreurs
La sélection des acquéreurs potentiels va dépendre du secteur d'activité, et de la maturité de l’entreprise.
Les fonds de capital-transmission privilégient les entreprises rentables avec des perspectives de croissance.
Les entreprises concurrentes recherchent plutôt des synergies (économies d'échelle, complémentarité géographique, nouvelles technologies).
Le cédant peut tout à fait mettre en concurrence les acquéreurs potentiels.
Ensuite, les négociations préliminaires aboutissent à des offres indicatives. Cette première sélection retient généralement 3 à 5 candidats pour la phase suivante.
Étape 3 : la due diligence et les négociations finales
La due diligence est un audit approfondi de l’entreprise par les acquéreurs sélectionnés. Cette phase mobilise des équipes d'experts (financiers, juristes, consultants) pendant 6 à 12 semaines. Ils analysent les comptes, les contrats commerciaux, les ressources humaines, les systèmes informatiques, etc.
Parallèlement, les négociations contractuelles affinent les conditions de cession. Le prix peut évoluer selon les découvertes de la due diligence.
Les acquéreurs demandent souvent des garanties (garantie d'actif et de passif) ou des clauses d'ajustement de prix (earn-out).
Étape 4 : la finalisation (closing)
La signature des accords définitifs intervient après validation finale des conditions suspensives : financement de l’acquéreur, autorisations réglementaires, conseil d'administration ou assemblée générale.
Le closing (finalisation) concrétise l'opération : transfert légal des actions, versement du prix de cession, mise en œuvre des garanties. Cette étape mobilise notaires et avocats pour sécuriser juridiquement l'opération.
Comment réussir son opération de cash-out ?
La préparation d'un cash-out commence 2 à 3 ans avant la cession envisagée. Cette anticipation permet d'optimiser la valorisation et de sécuriser l'opération.
Un audit préalable permet d'identifier les points faibles à corriger avant la cession (comptes désorganisés, contrats commerciaux défaillants, problèmes juridiques, etc.).
Ces améliorations permettent d’améliorer la valorisation de l’entreprise vendue.
Les clauses d'earn-out
L'earn-out lie une partie du prix de cession aux performances futures de l'entreprise. Cette clause permet d’aligner les intérêts de l’acheteur et du vendeur.
Cette clause peut rassurer les acquéreurs sur le maintien des performances de l’entreprise. Avec cette clause, l’acheteur peut envisager un meilleur prix de cession.
Exemple : une cession à 10 millions d'euros peut être structurée avec 7 millions payés au closing, et 3 millions d'earn-out conditionnés à l'atteinte d'un chiffre d'affaires de 13 millions d’euros dans les 3 années suivantes.
La garantie d'actif et de passif (GAP)
La GAP protège l'acquéreur contre les passifs non déclarés ou sous-évalués. Le vendeur s'engage à indemniser l'acheteur en cas de découverte de dettes cachées.
Cette garantie porte généralement sur un montant fixe et couvre une période de 18 mois à 3 ans.
Pour mener à bien cette opération de cash-out, il est primordial de s’entourer d’un réseau de professionnels de qualité qui pourra conseiller le cédant, et optimiser ses conditions de sortie.
Les différents types de cash-out
Nous allons vous présenter différents types de financements qui permettent de mettre en place un cash-out.
La cession d'entreprise (totale ou partielle)
La cession constitue la forme la plus répandue de cash-out. Elle peut être totale (100% du capital) ou partielle (majoritaire ou minoritaire).
Naturellement, la cession totale apporte le plus de liquidités, mais fait perdre le contrôle de l'entreprise aux fondateurs. En contrepartie, les acquéreurs paient souvent une prime de contrôle pour obtenir 100% du capital.
La cash-out partiel permet de convertir une partie de son patrimoine professionnelle en liquidités, tout en conservant une participation significative.
Focus sur la vente aux fonds de Private Equity
Les fonds de capital-investissement sont aussi une source de financement pour les fondateurs souhaitant réaliser un cash-out.
Les fonds de Private Equity offrent souvent des valorisations attractives pour les fondateurs, car ils disposent de capitaux importants et maîtrisent les processus d'acquisition.
Ces fonds recherchent généralement des entreprises avec un potentiel de croissance qu'ils pourront développer, avant de les revendre avec une plus-value.
Enfin, les gérants de ces fonds apportent leur expertise sectorielle, leur réseau commercial et leurs capacités de financement.
La levée de fonds avec cash-out secondaire
Ce mécanisme combine financement de la croissance et liquidité pour les actionnaires existants. Ainsi, une partie des capitaux levés rachète les actions des cédants, plutôt que de financer uniquement le développement de l'entreprise.
Les nouveaux investisseurs rachètent une partie des actions détenues par les fondateurs ou les investisseurs historiques.
Exemple : une startup est valorisée 50 millions d'euros et lève 10 millions d'euros, dont 6 millions financent sa croissance, et 4 millions pour racheter 8% des actions des fondateurs. Ces derniers récupèrent ainsi des fonds, tout en conservant le contrôle et la majorité du capital.
Ce type d'opération permet de sécuriser une partie du patrimoine des fondateurs, sans perdre le contrôle de leur entreprise. Les investisseurs apprécient cette formule, car elle motive les équipes dirigeantes à rester engagées dans le projet.
L'inconvénient principal est la décote de prix appliquée. En effet, les actions cédées via un cash-out secondaire subissent généralement une décote par rapport à la valorisation de la levée primaire.
Focus sur le crowdfunding / financement participatif
Le financement participatif offre une alternative pour lever des fonds tout en créant une communauté d'investisseurs. Cette solution convient particulièrement aux entreprises B2C (qui vendent directement aux particuliers).
L'entreprise peut lever des capitaux auprès du grand public via des plateformes, et combiner cette levée avec un rachat partiel d'actions par les fondateurs.
En contrepartie, l’entreprise doit accepter une exposition publique de ses données financières.
LBO, OBO et MBO avec cash-out
Ces montages financiers sophistiqués utilisent l'effet de levier pour racheter des parts d’entreprises. Ce sont les bénéfices de l’entreprise qui permettront de rembourser la dette contractée, via des remontées de dividendes vers la holding d’acquisition.
Le LBO (Leveraged Buy-Out) fait intervenir un acquéreur externe (concurrent, fonds d’investissement, etc.) qui rachète l’entreprise en finançant l'acquisition majoritairement avec de la dette bancaire.
L'OBO (Owner Buy-Out) constitue une sorte de "vente à soi-même". Les fondateurs apportent leurs titres à une holding qu’ils détiennent. Celle-ci s'endette alors pour racheter une partie de leurs actions. Avec ce montage, ils conservent la propriété de leur entreprise via leur holding.
Le MBO (Management Buy-Out) : associe l'équipe dirigeante et un partenaire d'investissement pour racheter l'entreprise. Cette formule convient aux cadres dirigeants souhaitant devenir propriétaires de leur entreprise.
Les fonds de continuation
Les fonds de continuation permettent aux investisseurs historiques de céder leur participation sans sortir de l'entreprise.
Il y a alors un transfert des titres vers un nouveau fonds dédié. Certains anciens investisseurs peuvent alors vendre leur participation au nouveau fonds, tandis que les chefs d’entreprises conservent ou renforcent leur position.
Ce mécanisme offre de la liquidité aux actionnaires, sans pour autant céder le contrôle de l’entreprise (grâce au réinvestissement dans le nouveau véhicule). Cette solution évite la pression de sortie des fonds lorsqu’ils arrivent en fin de cycle d’investissement.
Ce type de fonds est rarement utilisé en dehors de l’univers du Private Equity.
Introduction en Bourse (Initial Public Offer)
L'introduction en Bourse (IPO en anglais) permet de céder une partie des actions sur les marchés financiers, tout en conservant un contrôle plus ou moins important de l’entreprise.
L'IPO offre généralement 3 principaux avantages :
- Une valorisation supérieure aux cessions privées
- Une liquidité importante des actions
- Une visibilité accrue pour l’entreprise
En revanche, l’IPO présente plusieurs inconvénients :
- Des coûts d'introduction en Bourse importants
- Des contraintes réglementaires assez lourdes (reportings comptables, audits, etc.)
- La volatilité du cours de bourse
Le rachat d'actions par l'entreprise
Ce mécanisme permet à une entreprise de racheter directement les actions des fondateurs (ou des investisseurs).
À noter que la législation française limite ces opérations à 10% maximum du capital social.
Cette option convient aux entreprises générant d'importants flux de trésorerie, et souhaitant réduire leur nombre d'actions en circulation.
Pour l'actionnaire cédant, elle offre une liquidité immédiate sans dilution pour les actionnaires restants.
Les avantages et les inconvénients du cash-out
Nous allons vous présenter les principaux avantages et inconvénients du cash-out.
Les avantages du cash-out
Voici les 3 principaux avantages du cash-out.
Une liquidité immédiate pour diversifier son patrimoine
Le principal avantage du cash-out réside dans l'obtention de liquidités immédiates. L'entrepreneur peut ainsi diversifier son patrimoine, au lieu de le concentrer sur son entreprise.
Cette diversification permet de sécuriser immédiatement une partie de ses gains, notamment en cas de retournement du marché, ou de difficultés futures de l'entreprise.
Le financement d'autres projets professionnels
Les liquidités obtenues permettent de financer de nouveaux projets entrepreneuriaux, sans attendre une cession complète de l'entreprise.
L'entrepreneur peut ainsi investir dans d'autres secteurs ou créer une nouvelle société.
Cette stratégie convient particulièrement aux entrepreneurs qui souhaitent multiplier leurs projets.
Conserver la motivation du management
Permettre un cash-out aux fondateurs et actionnaires historiques peut les aider à rester impliqués dans le projet de l’entreprise, tout en sécurisant une partie de leur patrimoine.
Les inconvénients du cash-out
Voici les 3 principaux inconvénients du cash-out.
Une diminution de la participation au capital
Le cash-out peut entraîner une réduction de la participation de l’actionnaire dans les fonds propres de l'entreprise. Le vendeur détient moins d'actions, et voit potentiellement sa capacité de contrôle diminuer.
Un cash-out important peut faire perdre le contrôle majoritaire de l'entreprise.
Cette vente peut parfois être perçue comme un manque de confiance du fondateur dans l'avenir de son entreprise.
Un impact fiscal potentiellement immédiat
La cession d'actions déclenche une imposition sur les plus-values l'année de la vente. Cette fiscalité peut être lourde, notamment sans optimisation préalable.
Les entrepreneurs doivent donc anticiper cette charge fiscale dans leur stratégie de sortie (voir section dédiée).
Une potentielle décote de liquidité
Les actions cédées via un cash-out secondaire subissent généralement une décote par rapport à la valorisation de la levée primaire.
Cette décote pénalise le vendeur qui accepte un prix inférieur à la valorisation théorique de l'entreprise.
A contrario, le cash-out peut être une opportunité pour les acheteurs de négocier des conditions avantageuses.
Les solutions alternatives au cash-out
Les entrepreneurs disposent aujourd'hui de plusieurs outils pour obtenir des liquidités sans céder une part importante de leurs actions.
Ces alternatives permettent de concilier besoin de trésorerie et maintien du contrôle de l'entreprise.
La distribution de dividendes exceptionnels
La distribution de dividendes permet de récupérer des liquidités directement depuis la trésorerie de l'entreprise. Cette solution convient aux entreprises rentables générant des flux de trésorerie importants.
À noter que les dividendes sont proportionnels à la participation de chaque actionnaire dans le capital.
Les avantages de la distribution de dividendes exceptionnels :
- Simple à mettre en œuvre
- Éviter une dilution du capital
- Maintien le contrôle de l’entreprise
- Les coûts de transaction restent minimes (frais de notaire et formalités juridiques)
Les inconvénients de la distribution de dividendes exceptionnels :
- Double fiscalité : impôt sur les sociétés + fiscalité des dividendes (Prélèvement Forfaitaire Unique de 30% ou option pour le barème progressif avec abattement)
Nous détaillerons la fiscalité du cash out dans la section dédiée.
L’emprunt garanti par nantissement des titres
Cette solution permet d'obtenir des liquidités en conservant la propriété de ses actions. L'entrepreneur emprunte auprès d'une banque en donnant ses titres de société en garantie via un nantissement.
Les avantages de l’emprunt garanti par nantissement des titres :
- Conservation totale de la propriété et du contrôle
- Absence d'imposition immédiate
- Coût réduit (taux d'intérêt du marché)
- Maintien des revenus futurs (dividendes, plus-values)
Les inconvénients de l’emprunt garanti par nantissement des titres :
- Risque de défaut en cas de difficultés de remboursement
- Limitation du montant (généralement 50% à 70% de la valeur de l’entreprise)
- Obligation de remboursement périodique
- Garanties personnelles généralement exigées par les banques
Quelles sont les différences entre le cash-in et le cash-out ?
Le cash-in consiste à faire entrer des liquidités dans l'entreprise. Les nouveaux capitaux propres financent directement le développement de l'activité :
- Recrutements
- Investissements
- Expansion géographique
- Etc.
Comme nous l’avons vu, le cash-in et le cash-out peuvent être combinés lors d'une même opération. Une levée de fonds avec cash-out secondaire apporte des nouveaux capitaux à l'entreprise, tout en permettant aux fondateurs de récupérer des liquidités.
La fiscalité du cash-out
Le taux d’imposition habituel des plus-values s’élève à 30%. Il correspond au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), soit 12,8% d'impôt sur le revenu + 17,2% de prélèvements sociaux.
Ce régime s'applique sur tous les gains de cession d'actions, y compris pour les titres acquis après 2018.
Exemple : une cession générant 100 000 euros de plus-value engendre un PFU de 30 000 euros, ce qui représente un gain net de 70 000 euros.
Il est toutefois possible de choisir l’option pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Le cédant sera ainsi imposé selon sa tranche marginale d'imposition, après application d’un abattement. À noter que les prélèvements sociaux s’appliquent tout de même.
Focus sur les abattements pour durée de détention
Les plus-values peuvent bénéficier d’abattements d’impôt sur le revenu si les titres ont été acquis avant le 1er janvier 2018 (sous réserve d'opter pour le barème progressif) :
- 50% d'abattement entre 2 et 8 ans de détention
- 65% au-delà de 8 ans de détention
Exemple : pour une plus-value de 145 000 euros sur des titres détenus plus de 8 ans, l'abattement (65%) est de 95 250 euros, ce qui ramène la base imposable à 50 750 euros.
Ces abattements réduisent l'assiette de l'impôt sur le revenu, mais n'impactent pas les prélèvements sociaux de 17,2%.
Les actionnaires de PME de l’Espace Économique Européen créées depuis moins de 10 ans bénéficient d'un régime spécifique :
- 50% d'abattement dès 1 an de détention
- 65% entre 4 et 8 ans de détention
- 85% au-delà de 8 ans de détention
Focus sur l’abattement pour départ en retrait
Il existe un abattement fixe de 500 000 euros qui s'applique aux dirigeants de PME partant en retraite, voici les conditions :
- Détention de 25% minimum pendant 5 ans
- Exercice de direction pendant au moins 5 ans
- Cession intégrale des titres
- Départ en retraite dans les 2 ans
À noter que dans certains cas, cet abattement peut être porté à 600 000 euros.
Comment optimiser la fiscalité du cash-out ?
Nous allons vous présenter plusieurs dispositifs pour optimiser la fiscalité du cash-out.
Le régime mère-fille
Une société holding détenant au moins 5% du capital d'une filiale pendant 2 ans bénéficie d'une exonération de 95% sur les dividendes reçus. Le taux d'imposition effectif tombe alors à 1,25% seulement (5% × 25% d'IS).
Exemple : 1 million d'euros de dividendes ne génère que 12 500 euros d'impôt, soit une économie de 237 500 euros par rapport à une taxation normale.
Le régime mère-fille nécessite la création d’une société holding. Cette approche ne permet donc pas aux actionnaires de percevoir des fonds directement à titre personnel.
Néanmoins, la holding peut réinvestir dans d’autres sociétés. Un tel montage permet également de réaliser des prêts entre sociétés du même groupe.
L’article 150-0 B ter (apport-cession)
Ce dispositif permet le report d'imposition sur les plus-values, via l'apport de titres à une société holding (dont le vendeur détient le contrôle).
Si cet apport de titres a lieu moins de 3 ans avant la cession, l’entrepreneur doit réinvestir le produit de la vente dans des activités éligibles.
Après 3 ans, la cession devient libre sans obligation de réinvestissement, ce qui offre une exonération définitive.
En savoir plus : Apport-cession, comprendre et utiliser le dispositif de l'article 150-0 B ter
La niche “Copé" : optimisation avec holding
Avec cette niche, les holdings bénéficient d'une fiscalité favorable sur les cessions de participations.
La quote-part imposable oscille entre 12% et 16% selon les cas, ce qui ramène le taux effectif d'imposition sur les Sociétés à 3% ou 4%.
Exemple : avec une cession générant 2 millions d'euros de plus-value, l’assiette imposable de 240 000 euros (12%), génère un impôt sur les sociétés (25%) de 60 000 euros. Le taux d’IS effectif final est de 3%.
Post cash-out : quelles stratégies de réinvestissement ?
L'objectif principal du cash-out peut être motivé par la transformation d’un patrimoine mono-actif (l'entreprise cédée) en un portefeuille diversifié multi-actifs.
Cette diversification permet de réduire les risques de concentration, tout en permettant des perspectives de rendement attractives.
Avant toute décision d'investissement, il est important de se poser plusieurs questions essentielles pour choisir des actifs financiers en cohérence avec votre profil :
- Recherchez-vous la croissance de votre patrimoine ? Des revenus complémentaires réguliers ? Ou encore la préparation de votre succession ?
- Quel est votre horizon d'investissement ?
- Êtes-vous prêt à accepter une certaine volatilité pour obtenir des rendements potentiels supérieurs ?
Tableau comparatif des actifs pour réinvestir son cash-out
Focus sur l’épargne de court terme
Le premier pilier d’une gestion de patrimoine saine est de se constituer une réserve de sécurité d’au moins 6 à 12 mois de dépenses personnelles.
Cette épargne de précaution doit être facilement accessible, et sans risque de perte en capital, comme avec les livrets réglementés (Livret A, LDDS, etc.) par exemple.
Elle vous permet de faire face aux imprévus, sans toucher à vos investissements de long terme.
SI vous disposez d’un surplus d’épargne dépassant les plafonds des livrets, les comptes à terme et les fonds euros sont également des alternatives intéressantes.
L’immobilier
L'immobilier est un pilier de la diversification patrimoniale, il offre une décorrélation avec les marchés financiers, et un couple rendement / risque intermédiaire.
Ce type d’actif est idéal pour générer des revenus complémentaires.
Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) permettent d'investir dans l'immobilier, sans les contraintes de gestion.
Les investisseurs en SCPI sont associés d’une société foncière qui gère et exploite un parc immobilier. En contrepartie, ils perçoivent une partie des loyers encaissés sous forme de dividendes.
Le taux de distribution moyen des SCPI s'élevait à 4,72% en 2024. Toutefois, certaines SCPI délivrent des rendements supérieurs. Les SCPI diversifiées dominaient le marché avec un taux de distribution de 5,8% en 2024.
À noter qu’il existe aussi des sociétés foncières cotées en Bourse, comme les REIT (Real Estate Investment Trusts) pour les États-Unis, ou les Sociétés d'Investissement Immobilier Cotées (SIIC) en France.
Elles permettent une diversification géographique dans le monde entier, tout en étant liquides à tout moment. En contrepartie, elles fluctuent au rythme des marchés.
À noter qu’il est aussi possible d’investir dans ces foncières via des ETF spécialisés.
Les ETF (Exchange Traded Funds)
Les ETF et les fonds indiciels sont une solution efficace pour s'exposer aux marchés actions.
Ces fonds passifs répliquent automatiquement la performance d’indices boursiers comme le S&P 500, CAC 40 ou le MSCI World (plus de 1 300 entreprises dans le monde).
Exemple : l’indice MSCI World a généré un rendement annuel moyen de près de 8,73% depuis sa création.
Les ETF offrent une large diversification avec un seul produit.
Enfin, comme ces fonds impliquent peu de gestion, leurs frais sont généralement bas.
La gestion pilotée (gestion déléguée)
La gestion pilotée est une autre forme d’investissement qui permet de déléguer les décisions d'investissement à des professionnels. Cette solution convient aux entrepreneurs qui ne souhaitent pas gérer eux même leur portefeuille.
Les mandats de gestion proposent une palette de profils allant du plus prudent au plus dynamique.
Les outils de gestion adapteront l’équilibre du portefeuille choisi selon les évolutions des différents marchés.
Le Capital-Investissement (Private Equity)
Le capital-investissement est une classe d'actifs intéressante pour les épargnants voulant diversifier leur patrimoine dans l’économie réelle (actions d’entreprises non cotées en Bourse).
Selon France Invest, le rendement moyen à 10 ans du Private Equity français est de 12,4 %.
Il est possible d’investir comme un business angel, afin de choisir individuellement les entreprises dans lesquelles investir.
Il est aussi possible de passer par des fonds de Private Equity diversifiés. Ces fonds s’appuient sur l’expertise de gérants d’actifs qui vont sélectionner les startups et les PME dans lesquelles investir.
Focus sur les fonds de Private Equity
Nous allons vous présenter les différents types de fonds disponibles.
À noter que ces fonds non cotés impliquent généralement un blocage de l’épargne pendant 5 à 10 ans.
Les FCPR (Fonds Communs de Placement à Risque) investissent dans des PME non cotées avec un objectif de plus-values à moyen terme. Le gérant du fonds accompagne les entreprises en portefeuille pendant 5 à 10 ans avant de céder ses participations.
Les FCPI (Fonds Communs de Placement dans l'Innovation) se spécialisent sur les entreprises innovantes. Ils offrent des avantages fiscaux attractifs : jusqu’à 25% de réduction d'impôt sur les sommes investies. Cette fiscalité attractive compense partiellement le risque plus élevé des entreprises innovantes.
Exemple : si vous investissez 10 000 euros dans un FCPI, vous bénéficiez de 2 500 euros de réduction d'impôt l'année suivante (25% x 10 000). Votre effort d’épargne n'est donc que de 7 500 euros.
À noter que cette réduction d’impôt est plafonnée.
Les FPCI s'adressent aux investisseurs avertis, le ticket d'entrée minimum est de 100 000 euros. Ces fonds permettent d’accéder aux meilleures opportunités de Private Equity qui sont réservées aux investisseurs institutionnels.
Ces véhicules visent des performances supérieures aux fonds précédemment évoqués, à savoir 10% à 20% par an en général.
Les actifs alternatifs
Au sommet de la pyramide du patrimoine, il existe une classe d’actifs dits “exotiques”. Ces produits ont un couple rendement / risque très élevé comme l’art ou les cryptomonnaies.
Les œuvres d’art
L'art contemporain et les œuvres de collection constituent une classe d'actifs décorrélée des marchés financiers qui a généré des performances passées intéressantes. Attention, les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Exemple : le site Artprice a identifié 100 artistes (appelés “Blue-Chip”) dont la valeur des œuvres a augmenté en moyenne de 25% par an depuis les années 2000.
Toutefois, cette classe d’actif nécessite une expertise spécialisée. De plus, elle génère des coûts de conservation et d'assurance significatifs.
Les fonds d’investissement dans l'art permettent de mutualiser les risques et d’offrir une gestion passive aux investisseurs.
Les cryptomonnaies
Les cryptomonnaies sont une autre typologie d’actif qui présente une certaine décorrélation des marchés traditionnels.
Ces actifs comme Bitcoin ou Ethereum peuvent générer des rendements très importants. Naturellement, ces performances s’accompagnent d’une fluctuation élevée.
Lire aussi : Investir en crypto monnaie : Comment faire en tant que débutant ?
Post cash-out : les enveloppes pour optimiser la fiscalité
Nous allons vous présenter les principales enveloppes qui permettent de loger vos différents actifs, tout en optimisant la fiscalité.
L’assurance-vie
L'assurance-vie est une des enveloppes de référence pour optimiser la fiscalité des investissements. Contrairement aux comptes-titres classiques, vous ne payez pas d'impôt sur les plus-values tant que vous ne retirez pas d'argent.
Vos gains peuvent donc capitaliser sans frottement fiscal.
Après 8 ans de détention, les plus-values bénéficient d'un abattement de 4 600 euros par an pour un célibataire et le double pour un couple.
Les contrats d'assurance-vie multisupports proposent un large éventail de supports d’investissement (selon le catalogue des assureurs) :
- Fonds euros sécurisé
- SCPI
- Obligations
- Bourse
- Private Equity
- Etc.
Comme nous l’avons vu, si vous ne voulez pas gérer vous-même vos actifs, la gestion sous mandat automatise vos arbitrages selon le profil de risque choisi.
Lire aussi : Les meilleures assurances-vies : Comparatif
Focus sur les assurances-vie luxembourgeoises
L'assurance-vie luxembourgeoise dispose du même mode de fonctionnement que son homologue française.
En revanche, elle offre une plus grande variété de supports d'investissement que son homologue française. En effet, les épargnants peuvent demander à référencer les actifs qu’ils souhaitent sur demande. Ils ne sont ainsi pas contraints par le catalogue des assureurs
De plus, ce type de contrat bénéficie du droit des épargnants plus protecteur de l’État luxembourgeois.
Côté fiscalité, c’est celle du pays de résidence qui s’applique. Pour un contribuable français, il s’agira donc de la fiscalité française.
En revanche, le ticket d’entrée est élevé : généralement 500 000 euros pour accéder aux meilleurs contrats luxembourgeois.
Lire aussi : Meilleures Assurances-Vie Luxembourgeoises : Classement et Comparatif
Le PEA
Le PEA permet d'investir uniquement dans des actions d’entreprises européennes, et dans certains fonds internationaux.
Les versements sur le PEA sont plafonnés à 150 000 euros, avec un plafond global de 225 000 euros en comptant le PEA PME.
Après 5 ans de détention, les retraits bénéficient d’une exonération d'impôt sur les plus-values. Les prélèvements sociaux de 17,2% s’appliquent tout de même.
Le Plan d’Épargne Retraite (PER)
Le PER est un produit d’épargne à long terme spécifiquement conçu pour préparer la retraite. Les actifs disponibles sont identiques à ceux des assurances-vie.
Toutefois, la fiscalité est différente. En effet, les sommes que vous versez sur votre PER peuvent être déduites de votre revenu imposable (dans la limite de certains plafonds légaux).
Une fois l’âge de la retraite atteint, vous pourrez alors débloquer votre PER afin de percevoir votre épargne.
La fiscalité de sortie s’appliquera selon les modalités de retrait que vous avez choisies, et selon le type de versements que vous avez effectué sur votre PER.
Lire aussi : Les meilleurs PER : Comparatif
Conclusion
Le cash-out représente une opportunité pour les entrepreneurs de transformer leur réussite professionnelle en patrimoine personnel diversifié.
Une opération de cash-out réussie repose sur 3 piliers fondamentaux :
L'anticipation : préparer la cession 2 à 3 ans en amont permet d'optimiser la valorisation et de sécuriser les conditions.
L'accompagnement professionnel : les conseils spécialisés (avocats M&A, banques d'affaires, experts-comptables), malgré leur coût, permettent de négocier des conditions de vente généralement plus intéressantes.
La structuration : les mécanismes de garantie (earn-out, GAP, etc.) protègent toutes les parties prenantes et facilitent la transaction. Une cession bien structurée évite les litiges post-closing qui peuvent coûter cher.
Au-delà de l'opération elle-même, le réinvestissement des liquidités obtenues conditionne la réussite patrimoniale à long terme des cédants.
La diversification est impérative pour ne pas dépendre des performances d’un seul actif financier. De plus, un patrimoine diversifié permettra également de délivrer des performances supérieures aux actifs sécurisés. Notamment si le cédant combine des classes d’actifs plus risqués, comme la Bourse ou le Private Equity?
Enfin, l'optimisation fiscale via des enveloppes (PEA, assurance-vie, PER, etc.) peut améliorer la performance nette des cédants en évitant une imposition automatique des plus-values.